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Agbaza : les différentes parties du corps humain en Fongbé

Agbaza : les différentes parties du corps humain en Fongbé

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Les composantes du corps humain de par leur fonction spécifique, ont hérité chacune d’une appellation. Selon que nous sommes en langue Fɔn, lesdites appellations ne sont pas vaguement conférées aux parties du corps. Elles recèlent une signification renforcée par toute une charge sémantique. En effet, les désignations des membres du corps humain en Fɔngbé procèdent de la richesse de la langue. L’interprétation que nous faisons ici n’est pas, certes, exhaustive, mais facilite encore plus aisément la compréhension des subtilités phonétiques de la langue. Pour mieux y parvenir, nous nous livrons à un amusement syllabique accompagné par endroits d’exemples.

Ta = la tête 

Ce nom connu en français comme tête, a une signification insoupçonnable. Il désigne bien sûr la tête, mais fait en même temps allusion à l’importance, voire l’indispensabilité de ce membre. On peut lire ou entendre en fɔngbè « Nǔ é ɖo tají ɔ́ » pour littéralement dire ce qui est nécessaire ou important. De fait, la tête pour le fɔn est très importante. C’est la partie du corps qui est sans doute très importante pour le fɔn. Sa santé le préoccupe donc.

Ɖa = les cheveux

Ɖa : en rapport au corps humain, ce mot de deux lettres renvoie à l’idée de cheveux en français. Mais il est revêtu de sens pour le fɔngbè. Pouvant être aussi employé pour inviter exclusivement à la préparation culinaire d’un aliment, il veut ici dire que les cheveux qui poussent sur notre tête, même après-rasage, suivent un processus naturel de préparation intracellulaire dans le corps humain.

= L’oreille

: oreille pour le français, cette désignation demande d’avoir l’oreille comme dans l’impératif ou recommandation « Ɖǒ tó ! ». C’est pour dire que l’oreille n’est pas seulement cette chose en forme de « C » que nous voyons, attenante aux faces latérales du visage. Bien plus, elle requiert une possession effective d’elle, une présence à soi et à l’autre et une concentration. 

 = la bouche

: ce nom, ailleurs signifie bois ! (impératif de boire) ou boire (verbe) en Fon. Que le fon s’en serve pour nommer un membre du corps que le français appelle bouche, c’est que cela suppose une ouverture. Une ouverture qui favorise l’émission de sons et qui permet à l’Homme d’ingurgiter. Le  de par son aptitude à s’ouvrir et se fermer, est donc un membre sensible qui concourt aussi à la subsistance de l’Homme, car c’est le début du trajet que suit toute chose qui entre en l’homme. 

Nukún = les yeux

Nukún : ce mot est formé avec le nu qui suppose une ouverture et  le kún qui fait penser à la graine de semence ; le fɔn qui désigne les yeux par nukún signifie par là que cette graine bien au-dessus du nu a une enveloppe qui possède une ouverture. Cette ouverture, ici, favorise chaque fois le dévoilement de la graine qui doit être fructueuse afin de grandement collaborer avec le nu et lui éviter de s’ouvrir à son tour pour recueillir de choses nuisibles. De fait, la collaboration de la bouche avec les yeux est indispensable pour faciliter le dialogue. Cela voudra dire que l’Homme doit voir afin de pouvoir dire. 

Awɔntín = le nez

Awɔntín : nez en français, ce nom en fɔn a une signification particulière. Le mot, d’un côté dit  d’une manière ou d’une autre « bouche » qui se dit aussi en fɔn (awɔnnu) et d’un autre, tín qui laisse penser à l’appellation d’arbre en fɔngbè (atín). C’est dire que le nez pour le fɔn est cet arbre-là dont les racines sont vivantes et nourries par l’air. Simplement, pour vivre, lui-même doit inhaler et dégager le seul élément qui puisse lui faire du bien, l’air sain. Par ailleurs, la racine du mot peut faire référence à awɔ̌n qui signifie “pet” en fɔngbè, odeur détectée par le nez.

= le cou

: en français cou, le fɔngbè peut se référer à l’impératif « Lɛ̌ kɔ ! » (Retourne-toi) pour donner une explication à cette appellation. La présence, en effet, du mot kɔ dans l’impératif est ce qui fait principalement le mouvement. C’est-à-dire donc que le cou pour le fɔn est ce support qui maintient le ta et lui fait faire des mouvements quand il faut se tourner, se baisser ou regarder vers le ciel.

Akɔ́nta = la poitrine

Akɔ́nta : la dernière syllabe du mot nous interpelle à plusieurs égards. Elle signale, en fait, qu’il y a ici lieu de remarquer une importance, un au-dessus. Même si le mot ailleurs renvoie à l’idée de compte ou de reddition de compte, il n’en demeure pas moins qu’il indique un lieu. Par là, c’est cette partie du corps qui se situe au-dessus de ce qui rayonne (kɔ́n). Pour le fɔn, la poitrine est ce membre qui, jalousement, est le gardien inlassable de cet organe très précieux  et rayonnant de l’Homme et qui vaut plus que l’or (le cœur).

Adɔgo = le ventre

Adɔgo : le découpage de ce mot nous présente deux syllabes qui, indépendamment l’une et l’autre, ont un sens strict. Adɔ pour signifier intestin ou viscère et go pour dire bouteille. Extensivement donc, le adɔgo, est  la boîte, le contenant qui porte en son sein, tous les intestins se trouvant au bas de la poitrine. C’est cette partie qui a en son sein, d’autres choses qui constituent aussi l’Homme.

Awà = le bras

Awà : cette appellation renvoie à la pensée du « faire » (wà). Ce qui suppose mouvement et action. De fait, le bras pour le fɔn est ce membre qui fait les choses par ses mouvements. C’est le bras qui dirige les mouvements de la main. C’est un membre supérieur important dont l’absence limite le “faire” et l’ “agir”.

Awagóli = le coude

Awagóli : dans la formation du mot, la syllabe go prise à part signifie nœud et accompagnée de celle li, ça voudrait dire nœud lisse ou fin. Que le coude soit un nœud fin, le fɔn trouve en lui ce membre qui maintient solide le bras au corps. C’est aussi la partie qui facilite l’articulation de tout le bras.

Alɔ = la main

Alɔ : dans le mot composé wa’lɔ on a le . Et valablement, c’est la main. Celle-ci est alors la partie du corps qui accomplit le faire (wá). Pour le fɔn donc, la main est ce qui donne son sens au bras. La main exécute ce que lui commande le bras.

Alɔví = les doigts

Alɔví : littéralement, ce sont les enfants de la main. C’est, à y voir de près, la décentralisation à leurs niveaux respectifs du pouvoir dont est dotée à elle seule la main. C’est un héritage que la main lègue constamment à ses progénitures afin qu’elles l’aident dans sa fonction à l’égard du corps humain. Pour le fɔn, cela dit quelque peu, le prototype familial et éducationnel dont il rêve.

Asá = la cuisse

Asá : cette appellation fait recourir au sens de ramper (sá). La cuisse est alors ce qui permet le mouvement de marcher à quatre pattes. Et si cela s’observe plus avant les premiers pas de l’enfant, c’est que cette partie du corps assouplit toujours les muscles au-dessus des jambes et les rend aptes à favoriser le marcher de l’Homme. 

Gɛtɛ́ = la jambe

Gɛtɛ́ : la syllabe finale du mot, nous fait nous référer à l’impératif « étale » ou au verbe « étaler » (tɛ́). Le fɔngbè veut par là véhiculer l’idée qui soutient que cette partie du corps est celle qui fait le mouvement principal aboutissant à l’acte de se coucher. Permettre à tout le corps de s’étaler sur une natte, relève de la capacité particulière des jambes. 

Koligó = le genou

Koligó : lequi, littéralement est traduit par nœud signifie que ce membre du corps qui relie à lui seul la cuisse et la jambe, est ce lieu où culminent leurs divers mouvements. La flexion des jambes et de la cuisse est possible grâce au genou. 

Afɔ = le pied

Afɔ : la racine de ce nom, fɔ, renvoie à l’impératif « ramasse » ou au verbe même « ramasser » qui fait penser sans doute au fait de soulever. De fait, le pied est pour le fɔn le membre qui soulève légitimement le corps de l’Homme au sens de le faire se déplacer.

Afɔví = les orteils

Afɔví : à l’instar des doigts pour la main, les orteils représentent pour le afɔ la même chose. Entre père, mère et enfants existe une relation étroite et interdépendante où ce sont les enfants qui constituent incessamment l’appui au parent pour soulever tout le corps. Le fɔn par là nous dit que la collaboration entre petit et grand n’est pas vaine.

 

Le Fɔngbè par ces différentes désignations, nous renseigne amplement sur la connexion profonde qui existe entre les membres du corps humain. Un lien sans cesse manifeste, mais qui, spécifiquement, se dit et reconnaît à chaque partie du corps, sa fonction. 

 

Par Géraud Yoclounon

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