18 août 2022
18 août 2022
18 août 2022
Les mois de l’année n’existent pas juste pour déterminer le temps qui passe. Ils sont des indicateurs d’opportunité et de pertinence des activités bonnes à faire durant une saison donnée. Les 12 mois de l’année permettent une bonne organisation et influencent la périodicité de l’activité humaine sur terre. D’inspiration et d’origine romaines, le calendrier qu’ont adopté les Français et Européens a été ensuite adopté par leurs colonies. Au Bénin, le calendrier compte 12 mois et ces derniers portent une signification particulières dans la langue béninoise la plus parlée : le Fongbé.
Le Calendrier chez les Fon ne diffère pas de son essence européenne. Comme chez les Français ou les Anglais, les Béninois comptent tous les 12 mois. Même si à l’origine, le calendrier romain comptait dix (10) mois, l’année a été finalement découpée en douze (12) moments comptant chacun en moyenne trente (30) jours.
Avant la colonisation et l’avènement de l’école pensée par les civilisations étrangères, les peuples africains notamment les Béninois connaissaient la notion de découpage de l’année en différents MOMENTS marqués par des événements qui se répétaient comme un cycle chaque année. Ainsi, les Ancêtres avaient le grand talent de l’observation scientifique qui les poussait à répertorier ou constater les mêmes événements qui advenaient à chaque moment au cours d’un cycle annuel.
Il est donc évident que même s’ils n’avaient pas nommé les mois de l’année comme les noms que nous leur connaissons aujourd’hui, ils avaient l’habitude de remarquer des grands moments au cours d’une année. C’est ainsi qu’ils vont différencier la saison de la pluie de la saison de sécheresse; la saison du vent de la saison de chaleur; etc. C’est à l’identique des 4 grandes saisons de l’année en Europe par exemple où l’hiver s’éloigne de l’été et le printemps de l’automne.
La valeur que portent les mois en Fongbé révèle tout le pragmatisme et l’intelligence des ancêtres Fon. De grands cultivateurs et pêcheurs dans le Sud du Bénin, ils devaient convenir d’une appellation qui reflète les réalités de leurs activités et surtout favorise l’essor de ces dernières. Les Grands-Parents Fon avaient donc réfléchi pour traduire dans le nom des 12 mois, la réalité du Moment qu’ils laissent remarquer.
Le constat est global : les 12 mois de l’année en Fongbé renvoient aux différentes saisons propices pour cultiver, récolter, pêcher et mener des activités agricoles ou de pêche.
Le mois de Janvier va indiquer le mois de la sécheresse et donc toute activité de semence serait laborieuse et vaine parce que le sol est sec et dur. L’absence des pluies et de l’humidité prévaut dans ce mois au Bénin. Pour cela, le premier mois de l’année sera appelé en Fongbé : ALUNSÙN.
En Février au Bénin et particulièrement au Sud, les Ancêtres pratiquaient le brûlis, une technique pour défricher les terres pour les rendre cultivables. C’est une activité propre aux cultivateurs en général. Ils pratiquent le brûlis pour pouvoir préparer les terres à accueillir les premières pluies de l’année en vue de commencer les semences. Ainsi le mois de Février est désigné comme ZOFINKPLƆSÙN qui signifie littéralement : le mois du brûlis.
Après le défrichement, les terres sont prêtes à accueillir les premières pluies du mois de Mars. Ce dernier est donc traduit comme le mois de la première pluie de l’année et est appelé : XWEJISÙN. C’est à ce mois que s’estiment heureux les cultivateurs parce qu’ils pourront faire les semences diverses.
De bonne suite, le mois d’Avril marque donc le véritable début de l’activité consistant à semer. Mi-Avril, certaines céréales sont principalement semées. Certains sèment le maïs et le mil. La culture principale du mil dans certains milieux va donc donner le nom au mois d’Avril en Fongbé. Ainsi, le quatrième mois de l’année répond à l’appellation de LIDOSÙN c’est-à-dire le mois où l’on sème le mil.
Le cinquième mois de l’année, certains cultivateurs spécialisés dans d’autres cultures doivent sarcler leurs terres pour non seulement entretenir leurs cultures, mais aussi faire d’autres semences. Cela est dû au fait que les pluies du mois de Mars favorisent la poussée des mauvaises herbes. Ainsi, le mois de Mai est réservé au sarclage et sera appelé comme tel en Fongbé: NUXWASÙN c’est-à-dire le mois du sarclage.
En Juin, les cultivateurs peuvent semer le haricot. Cette légumineuse est appelée en Fongbé « Ayi » et influence donc le nom du sixième mois de l’année: AYIDOSÙN, le mois où l’on sème le haricot.
Globalement, la deuxième moitié de l’année est consacrée à la récolte, à la deuxième saison de la culture vivrière et à la pêche en fin d’année.
Ainsi, au septième mois, c’est-à-dire en Juillet, le mil qui a été semé il y a 3 mois sera récolté. Les Fon appellent donc Juillet comme le mois où l’on récolte le mil : LIYASÙN. LI signifie mil, YA signifie récolter et SÙN signifie mois.
En Août, le vent est très fort. C’est donc le mois du froid. C’est la réalité transcrite dans l’appeletation du mois par le terme AVUVƆSÙN. Certains jouent également avec la phonétique française du nom Août et appellent ce mois Awutusùn (a-wou-tou-soun) c’est-à-dire mois de la maladie. Cela est dû à l’apparition de plusieurs maladies dans le mois d’août causées par le froid et les insectes.
Le neuvième mois de l’année est marqué par la crue des eaux. C’est la saison où les pêcheurs ne peuvent pas exercer leurs activités en raison du gonflement des eaux. Dans les milieux lacustres, la crue crée parfois assez de dégâts notamment l’inondation domestique. La crue est appelée en Fongbé Zŏ et donc Septembre signifie ZOSÙN c’est-à-dire le mois de la crue. Ce mois marque également le démarrage de la deuxième saison de culture vivrière pour les cultivateurs.
En Octobre, c’est le moment où l’on pétrit la terre de barre pour la construction des murs et donc cela signifie KƆNYASÙN.
Le onzième mois de l’année, Novembre, marque le moment où le sorgho ou gros mil mûrit. Cette réalité est traduite par le terme ABƆXWISÙN, ABƆ étant le sorgho ou gros mil en Fongbé.
Enfin, Décembre annonce les fêtes de fin d’année et le dégonflement des eaux pour la reprise des activités lacustres chez les pêcheurs. Dans ce mois, l’harmattan fait son apparition. Ainsi, le mois s’appelle WOOSÙN c’est-à-dire le mois de l’harmattan.
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Je suis très content de compréhension de la langue Fon